« Nous allons devoir vivre avec le virus ». C’est par ces mots que le premier ministre Français a débuté son intervention à l’assemblée nationale, ce mardi 28 avril 2020.

L’objectif de cet article n’est pas d’aborder les bouleversements économiques ou diplomatiques qui pourraient subvenir à l’issue de la crise du Covid , mais plutôt les micro-changements qui impacteront notre quotidien.

Qui empruntait les transports aériens avant les attentats de 2001, a constaté la transformation profonde des contrôles de sureté opérée dans les aéroports. Il est aujourd’hui banal de retirer ses chaussures au moment de l’embarquement ou de ne pas introduire d’aérosols et d’objets tranchants en cabine. La menace est liée à ce qui se trouve à l’intérieur de nos bagages et à son détournement possible.

Depuis la fin d’année 2019, un nouveau palier a été franchi. Le voyageur, ne représente plus seulement un danger potentiel en qualité d’individu agissant mais aussi comme vecteur d’agents pathogènes. L’humain devient le bagage d’un virus qui peut s’avérer une arme mortelle.

Là où la lutte contre le terrorisme nous oblige, de façon occasionnelle, à subir des contrôles zélés, le coronavirus nous contraint à repenser totalement notre rapport à l’autre. Cela implique l’apprentissage de nouveaux comportements. Ces comportements, s’inscrivent à l’opposé des règles de sociabilité en vigueur dans nos sociétés globalisées. Il faudra vraisemblablement abandonner certaines habitudes et en acquérir de nouvelles.

Différents moyens sont envisagés pour accompagner ce processus. Pour les plus jeunes, l’éducation nationale jouera un rôle central. Pour les plus de 18 ans, la communication gouvernementale participera à ancrer en mémoire les gestes barrières. Dans ces deux cas, des rappels réguliers seront nécessaires, dans les médias mais surtout dans les lieux publics (ex: plateformes multimodales, Mall, etc..).

Le langage est aujourd’hui le système privilégié pour enseigner ces gestes; langage auquel il est coutume d’associer des illustrations (dessins/photos/vidéos). L’inconvénient de cette combinaison « texte + graphique » réside dans son organisation : la syntaxe.

En effet, en dépit de leur caractère visuel graphique, les illustrations qui accompagnent de tels contenus sont généralement conçues à partir de consignes écrites ; elles sont donc, aussi, basées sur une structure grammaticale. Or cette structure correspond rarement aux schémas élaborés mentalement au moment où nous stockons l’information. De plus, la conception de messages associant graphique et texte est adaptée à des demandes sporadiques, et non à une production « industrialisée » et « sur mesure ».

Des alternatives existent, du Makaton au système picto-cognitif (cf simulation ci-dessous). De nombreux modes de communication ont été élaborés dans le but d’aider les personnes atteintes de troubles du langage, déficientes intellectuelles ou encore sourdes et malentendantes.

Nous pourrons nous en inspirer. Toutefois, quelque soit leur forme, les dispositifs utilisés devront répondre au défi de l’adaptabilité et permettre la diffusion massive de messages intelligibles rapidement, avec le minimum d’efforts cognitifs et donner lieu à un comportement approprié, dans des délais brefs. Contrairement aux annonces transmises dans les transports aériens, il ne sera plus question de produire un contenu pour un seul environnement (ex: aéroport), un seul lieu (contrôle de sureté) et des actions familières (ex: se déchausser, sortir un pc d’une valise).

Il s’agira de proposer, dans tous les lieux publics (ex: administrations, centres commerciaux, centres villes) et privés (ex: industrie) des annonces spécifiques, relatives à des comportements nouveaux (distanciation sociale, port d’un masque), qui tiennent compte de la configuration (ex: allées de supermarchés, intérieurs d’autobus, halls de gares, entrepôts, usines d’assemblage), des règles de circulation (ex: naviguer dans un rayon en cours d’approvisionnement ou dans un bureau de poste offrant services bancaires, envoi/reception de courrier) et des flux (ex: clients/vendeurs; salariés d’une même entreprise).

Ces messages devront évoluer en fonction du niveau d’affluence, des profils d’individus et des saisons (ex: l’organisation spatiale d’un commerce demeure rarement identique au cours d’une année). Autant de facteurs qui nécessiteront un système de communication efficace , accepté de tous et basé sur une unité élémentaire connue du grand public.

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